Du « made in France » basé Outre-Manche

Made in France Outre-Manche

Depuis dix-sept ans, le Guingampais, Pascal Michel, aide les petites entreprises à alléger leurs charges en domiciliant leur siège social en Grande-Bretagne. Rencontre avec ce chef d’entreprise au service des entrepreneurs.

Un garage de la campagne pontrivienne ou un salon de coiffure callacois domiciliés en Grande-Bretagne : c’est possible. C’est même l’activité de la société, Setti Ltd, créée par Pascal Michel à Guingamp il y a dix-sept ans. L’avantage pour ses clients, les chefs d’entreprise, c’est de pouvoir choisir leur régime de protection sociale. Finis la RDS, les cotisations vieillesse, maladie et Urssaf. En revanche, puisque leurs activités se déroulent en France, les employés de ces entreprises domiciliés outre-Manche dépendent toujours du droit français et cotisent donc aux régimes habituels. De même, les impôts sur les bénéfices acquis en France restent dus de ce côté-ci de la Manche.

L’idée de cette entreprise de domiciliation en Grande-Bretagne est née sur un lit d’hôpital. Pascal Michel, alors poissonnier à Bégard, comme son père et avant lui son grand-père, se trouve immobilisé un mois à la suite d’un accident. Depuis sa chambre d’hôpital, difficile de payer ses cotisations sociales. Face à ce retard, le Régime social des indépendants (RSI) arrête de rembourser ses frais médicaux. Remis sur pieds mais pas de sa colère, le commerçant part pour Londres, rencontre un avocat et domicilie sa poissonnerie bégarroise en Grande-Bretagne. De retour sur le sol français, il commence à conseiller des amis. Tant et si bien qu’un jour, il abandonne définitivement le poisson pour sa nouvelle activité de conseil.

Les clients viennent par le bouche à oreille

Aujourd’hui, Setti LTD compte 15 employés, possède un bureau en Angleterre et un autre à Paris. Deux mille entreprises ont fait appel à ses services, souvent guidées par le bouche à oreille. Elles viennent de tout le pays et exercent dans tous les secteurs d’activité. «Même la voyante de Sarkozy vient de nous contacter», sourit le patron.

Ni de gauche ni de droite

Face à l’attente suscitée par la présidentielle, l’activité a somnolé en 2007. «A contrario, 2011 et 2012 nous ont offert nos meilleurs résultats, car la déception de Sarkozy se faisait sentir», analyse le patron de Setti. Aujourd’hui, avec l’arrivée de la gauche au pouvoir, les rendez-vous ont triplé : 78 pour novembre et décembre. «Les gens ont peur», explique Pascal Michel. Peur du déficit de la France, peur de payer des cotisations sociales pour rien. «Mais ça se calmera, tempère-t-il. Nos clients ne sont ni de gauche, ni de droite. C’est juste qu’ils n’arrivent plus à payer.» Une clientèle de contestation, comme la définit le créateur de cette entreprise, unique en France.

Un mois pour mettre une société en route

Parmi ces clients, le réalisateur producteur guingampais, Jacques Stival, dont le film «L’échange» vient d’être projeté en avant-première à Paris. Il y a deux ans, à la création de sa société de production, l’artiste, échaudé par une première expérience d’entrepreneur, se tourne vers la société de Pascal Michel. «J’ai gagné 45 % sur le budget total de mon film», souligne le réalisateur. Autre atout aux yeux de ce touche à tout, l’entreprise britannique permet de cumuler plusieurs secteurs d’activité. Avec un délai d’un mois pour mettre une société en route, les projets s’enchaînent. Et même les menaces du Premier ministre britannique, David Cameron, de quitter l’Union européenne, n’entament pas le moral de l’ancien commerçant.

Source : Article du Télégramme du 31 janvier 2013

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