Le pro des délocalisations : Pascal Michel

Pascal Michel, le pro des délocalisations

Depuis 1996, Pascal Michel a délocalisé quelque 1200 entreprises en Angleterre. En traversant la Manche, les patrons bénéficieraient d’un allégement considérable de charges. À Guingamp, Pascal Michel facilite cette traversée.

Dans certains repas, il préfère dire qu’il est comptable. Cette pirouette lui permet, sans doute, d’éviter des discussions à rallonge avec certains voisins de table allergiques à sa spécialité : la délocalisation d’entreprises.

À 50 ans, Pascal Michel, patron de Setti LTD, avance l’argument financier pour justifier le choix de certains patrons de déménager leur siège social en Angleterre.

Dans cette délocalisation, les chefs d’entreprises gagneraient le pactole. « En France, on est les numéros 1 en matière de charges : 80 % en France contre 20 % en Angleterre » , témoigne Pascal Michel. Une équation morale ? « J’ai toujours cherché à éviter de payer trop de charges » , argumente le quinquagénaire. Le droit français autorise tout ressortissant européen à créer une société dans l’état membre de son choix, sans être obligé d’y résider. La loi permet la délocalisation. Pascal Michel va la tester pour lui, dans les années 80, en ouvrant sa poissonnerie à Bégard. En 1996, il a décidé de naviguer dans de nouvelles eaux. Il a ouvert Setti LTD à Guingamp pour accompagner les entreprises dans leur délocalisation britannique.

Le bouche-à-oreille

En 1999, une de ses délocalisations (un salon de coiffure en Espagne) affole les médias. La pratique n’est pas forcément connue à l’époque. « On a fait 4 pages dans la revue Entreprise » , se rappelle Pascal Michel, en sortant d’un placard le numéro de l’époque. « La BBC a débarqué avec ses caméras et ses camions pour voir comment on travaillait » . Ici, tout est légal. L’entreprise délocalisée continue à payer l’impôt en France?

Pascal Michel refuse de mettre un doigt dans l’engrenage du « Offshore » . Pour se démarquer des « vendeurs de sociétés » , il assure « un suivi jusqu’au bilan » de ses clients. « Nous sommes les seuls à le faire en France » , affirme-t-il. Setti LTD se charge de traduire tous les documents. Le bouche-à-oreille fonctionne bien.

Depuis 1996, Setti LTD, qui est installée aujourd’hui à Bellevue, a ainsi pratiqué quelque 1200 délocalisations d’entreprises en Angleterre. Sa clientèle vient surtout des grandes villes en France : Paris, Lyon, … « Nous n’avons que 5 clients sur Guingamp » . Le quinquagénaire rayonne aussi largement au niveau européen : Pologne, Tunisie, Maroc, Italie, … et « un avocat » aux États-Unis.

Petites entreprises

« Ça fait chic LTD en Europe. Sauf en France » , s’amuse Pascal Michel. LTD ? Private Limited Company ou Limited Company ! C’est l’équivalent de la société à responsabilité limitée, en Angleterre. Ce régime correspondrait le mieux au profil de sa clientèle : les petites entreprises de 0 à 10 salariés. Plombier, vendeur de fenêtres, grand sportif, … La délocalisation d’entreprises à l’étranger séduit.

Avec 10 salariés sur le site de Bellevue à Guingamp et 5 autres dans ses bureaux anglais au Devon, Setti LTD ne joue pas que la carte de la délocalisation. Pascal Michel a aussi tissé des liens économiques avec la Pologne.

Quand il manque des bras pour ramasser les cocos paimpolais ou des volailles, il fait appel à de la main d’œuvre polonaise. Il a également mis des billes en Pologne dans un centre d’appels.

Source : Article du Télégramme du vendredi 10 décembre 2010 – Eric Rannou

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